Femme d’affaires

Elsie Reford est une bonne gestionnaire et, sa vie durant, elle s’occupe d’une partie de sa fortune. Dès son séjour d’études en Europe en 1890-1891, elle tient ses cahiers de comptes. Devenue adulte, elle place son argent, gère la maison de Métis, dont elle est propriétaire, et met ses compétences de gestionnaire au service de quelques œuvres de charité.

Les bons de la Victoire

Durant la Première Guerre mondiale, le gouvernement canadien émet des obligations de guerre à quelques reprises, les War Loans, pour financer l’effort de guerre. Une émission importante est annoncée en janvier 1917. Elsie décide d’y investir et finance ses achats par la vente d’actions diverses, notamment celles de compagnies américaines. Elsie maîtrise bien les codes d’investissement et est au fait des secteurs à privilégier. Sans surprise, elle refuse de se départir de ses actions de la U.S. Steel, une entreprise du domaine de l’acier, à un moment où l’industrie de guerre roule à plein régime et où les métaux sont en forte demande.

 

La vente de la maison

Elsie a 16 ans lorsque ses parents emménagent dans la maison de son oncle, George Stephen, en 1888. Cette somptueuse demeure est située sur la rue Drummond, en plein cœur du Golden Square Mile. Il s’agit du quartier d’affaires bourgeois anglophone de Montréal. À la mort de leur mère en 1917, Elsie et son frère Frank Meighen décident de mettre la propriété en vente. Le contexte de la guerre et la crise de l’après-guerre ne sont pas favorables à ce genre de transaction. Il s’écoulera quelques années avant que la propriété ne trouve preneur. C’est finalement en 1927 que le Mount Stephen Club en devient propriétaire et que la maison est convertie en club privé. La maison est déclarée lieu historique national du Canada en 1971 et est classée par le gouvernement du Québec en 1975. Durant toutes les années au cours desquelles la maison était sur le marché, Elsie était en charge de la gestion de ce patrimoine familial. Elle a pris ses responsabilités et fait preuve d’une compréhension de ses intérêts financiers et de ceux de ses proches.

Le Montreal Maternity Hospital

Le Montreal Maternity Hospital est fondé en 1843. Lié à l’Université McGill, il s’agit d’un hôpital qui accompagne les femmes, et surtout les femmes défavorisées, dans leur maternité. Elsie, suivant les traces de sa belle-mère, Mme Robert Reford, va longtemps œuvrer au sein du conseil d’administration de l’hôpital en plus d’en occuper le poste de présidente durant quelques années. Il est difficile de se faire une idée précise du travail qu’elle effectue dans le cadre de ses fonctions d’administratrice. On sait toutefois qu’elle organise annuellement le Charity Ball de Montréal, une réception mondaine prisée du gratin montréalais qui a pour but de financer l’hôpital. Dans ses fonctions, Elsie Reford se trouve donc à la jonction des sphères privée et publique : elle remplit son devoir philanthropique de femme bourgeoise tout en accomplissant des tâches de gestionnaire généralement réservées aux hommes.