Femme politique

Elsie voit le jour dans une famille conservatrice. Son cousin, Arthur Meighen, sera d’ailleurs premier ministre conservateur du Canada après la guerre (en 1920-1921 et en 1925). Issue d’un milieu politisé, Elsie s’implique dans la vie politique autant qu’une femme peut le faire. Son éducation l’avait convaincue que la place d’une femme n’est pas à l’avant-scène, mais ses talents d’organisatrice, sa curiosité pour les affaires politiques et économiques et son contact constant avec des hommes politiques et des hommes d’affaires font qu’elle peut difficilement se contenter de s’occuper des questions familiales, domestiques et philanthropiques. Elle s’exprime en public et rédige des discours pour défendre ses idées.

Traité de réciprocité

En 1911, un accord de libre-échange est négocié entre les libéraux de Wilfrid Laurier et les États-Unis. Il vise l’exportation des matières premières et la réduction des droits de douane imposés à certains produits. Ce traité aurait favorisé les agriculteurs de l’Ouest et n’a pas été ratifié par le Canada; en effet, les libéraux de Laurier s’inclinent lors des élections générales suivantes. La controverse suscitée par ces négociations était vive, alimentée notamment par les industriels du centre du Canada : ils considéraient qu’un tel traité mettrait en péril le fondement même de la richesse de la classe entrepreneuriale de Montréal. Encore une fois, Elsie est consciente qu’en tant que femme, elle est impuissante face à la situation, mais elle écrit tout de même à lord Grey pour lui faire part de son opinion.

Discours sur la conscription

En 1917, alors que la Première Guerre mondiale s’éternise, les armées de l’Empire britannique commencent à manquer de ressources et de soldats. Le premier ministre canadien, le conservateur Robert Borden, dépose un projet de conscription pour les hommes âgés de 20 à 45 ans. Une crise sociale et politique importante s’ensuit. Elle témoigne d’une tension importante entre plusieurs anglophones, attachés à la mère patrie, et un nombre important de francophones catholiques, qui ne voient pas l’intérêt du Canada de collaborer à une guerre leur apparaissant étrangère. Les résultats de l’élection de 1917, qui se déroule sur ce thème, viennent confirmer la fracture sociale au Canada.

Elsie, qui a toujours adhéré aux principes conservateurs et qui se définit comme une impérialiste, prend part au débat pour appuyer la conscription. Comme plusieurs autres femmes qui ont un proche au combat, elle souhaite que les risques encourus par son fils ne soient pas vains et que tous les hommes en âge de combattre prêtent main-forte aux militaires. De son point de vue, ces derniers ne devaient pas être les seuls à risquer leur vie. Étant donné son statut social et son appartenance à quelques clubs, Elsie a accès à certaines tribunes. Elle prend donc la parole devant des assemblées afin de défendre le projet de conscription.